Patrick Gohet, délégué interministériel aux personnes handicapées, a exposé la politique actuelle.
Celle-ci a pu se construire sur un acquis législatif et réglementaire antérieur. Il est d’ailleurs le deuxième délégué interministériel, chargé des personnes handicapées, à la suite de Patrick Segal, auquel il a succédé en 2002.
En parfait connaisseur du monde associatif pour avoir dirigé l’UNAPEI, Patrick Gohet et son équipe s’appuient sur la loi du 11 février 2005 qui a fixé les nouveaux axes de cette politique.
Cent cinquante textes d’application
Cette nouvelle loi a déjà généré cent cinquante textes d’application.
Autant dire que le catalogue est très large pour permettre finalement aux personnes handicapées d’accéder réellement aux droits fondamentaux, reconnus à tout citoyen. Notre objectif, dont on mesure toute la difficulté justement.
Concrètement cela passe par l’augmentation progressive de l’allocation aux adultes handicapés, échelonnée sur le quinquennat présidentiel. Cette augmentation a été fixée à 25 %.
Pour la première fois, une autre mesure s’étend aux enfants handicapés qui vont également bénéficier à terme, de la prestation de compensation qui n’était délivrée jusqu’ici qu’aux adultes.
Sur le plan juridique, les personnes handicapées bénéficieront d’une réforme sur le fonctionnement de l’administration des tutelles et des curatelles.
Patrick Gohet a également rappelé qu’un programme de 50 000 places de travailleurs protégés en hébergement adapté était en cours. Ces hébergements seront planifiés au niveau des régions.
Quand survient le grand âge
A l’origine, des associations telles que les Papillons Blancs de Beaune ont apporté une aide aux familles qui avaient un enfant handicapé. C’était il y a cinquante ans et tout naturellement, ces enfants sont devenus des adultes qu’il faut continuer de prendre en charge. Ils travaillent dans des structures adaptées (Etablissements et services d’aides par le travail, ex-CAT). Mais quand arrive pour eux aussi, l’âge de la retraite, ces mêmes personnes se retrouvent démunies et privées de repères. C’est justement cette prise en charge que prévoit la politique actuelle : « Il faut qu’elle se fasse sans rupture avec le monde que ces personnes connaissaient jusqu’ici » précise Patrick Gohet.
C’est cet ensemble de mesures que la mission de Patrick Gohet recouvre : « Là aussi, les choses ont beaucoup évolué, car à l’origine, le monde du handicap n’était pris en charge que par le ministère de la Santé. Je coordonne actuellement l’action de vingt ministères, car le monde du handicap relève autant de la santé que de la culture ou de l’éducation. Sur ce dernier point, on sait qu’il y a encore beaucoup à faire pour permettre à ces jeunes d’accéder à une scolarisation normale ou adaptée. IL faut aussi créer les liens entre les deux. »
Au-delà de ces grands axes généraux, cette délégation interministérielle intervient aussi dans le déblocage de nombreux dossiers individuels et c’est au quotidien, un dialogue qu’il faut tisser entre les pouvoirs publics et la société civile.
L’exemple Beaunois
En 1958, le monde du handicap ne semblait intéresser personne, à part les familles concernées. En 1957, un recensement relevait sur la ville de Beaune, seulement trois ou quatre familles directement concernées. Un an plus tard, un institut médico pédagogique de vingt places était crée.
Aujourd’hui l’association des Papillons Blancs de Beaune accueille 65 enfants et 421 adultes et le nombre de personnes employées en fonction d’encadrement pour les quatorze établissements ou services créés s’élève à 223 emplois à temps plein !
Ces chiffres sont impressionnants et laissent à penser qu’il reste encore beaucoup à faire.
Journaliste : Franck BASSOLEIL
Source : Le Bien Public - 26 septembre 2008
crédit photo : Association papillons blancs