L’entreprise adaptée viticole (EAV) est devenue le plus important prestataire viticole de la région grâce au travail d’une soixantaine d’employés, presque tous travailleurs en situation de handicap. Ils vendangeaient, le 19 septembre dernier, pour la maison Albert-Bichot à Chambolle-Musigny.
Les yeux clairs
plissés par le soleil, Emmanuel Verney, tout sourire, s’apprête à
reprendre le travail de porteur dans les rangs de vignes. Âgé de 47 ans,
cet employé de l’Entreprise adaptée viticole (EAV) depuis vingt ans est
l’un des cinq travailleurs handicapés qui encadrent les vendangeurs du
jour. « J’aime bien travailler dehors. Quand je suis arrivé, pourtant,
je ne savais pas ce qu’était un pied de vigne », rit-il de bon cœur en
mettant la hotte sur son dos.
« De la cohésion et un bel état d’esprit »
En
cette matinée du jeudi 19 septembre, une trentaine d’employés
s’activent dans une parcelle de pinot noir, en contrebas du village de
Chambolle-Musigny. Des vignes qui sont la propriété de la famille
Serveau, du nom du directeur technique de la maison Albert-Bichot, basée
à Beaune, et dont les raisins sont destinés à la cuvée de
bourgogne-côte-d’or « Secret de famille » concoctée par le négociant sur
les terres de la côte de Nuits.
« Il y a 1,30 hectare à
vendanger. Cette année, la récolte est plus faible, mais cela ne va pas
forcément plus vite, car il y a beaucoup de grappillons. Le vent qui
souffle donne de la fraîcheur mais sèche aussi les raisins. C’est bon
pour la qualité, moins pour la quantité », observe Alain Serveau pendant
que les vendangeurs s’activent.
« Là, il fallait y aller »,
appuie Albéric Bichot, venu de Beaune pour rencontrer les vendangeurs de
l’EAV. Des travailleurs en situation de handicap que le négociant à
l’habitude de côtoyer, mais qui récoltent des raisins de la maison pour
« la première fois. D’ordinaire, ils travaillent avec nous pour de
nombreux travaux tout au long de l’année, notamment en cave. Ils sont
sérieux, ponctuels et sont toujours en équipe. Il n’y a pas besoin de
recréer de cohésion. Ils ont une dynamique et un bel état d’esprit »,
sourit-il.
45 hectares de vignes gérés jusqu’aux vendanges
Ces qualités, le Beaunois n’est pas le seul à les reconnaître (lire par ailleurs) : après trente jours de vendange consécutifs l’an dernier, les employés de l’EAV devraient en boucler vingt-trois pour le millésime 2019. « C’est notre treizième jour de récolte. Hier, ils ont travaillé de 7 h 30 à 19 heures », souffle Christèle Carpentier, responsable de la partie viticole de l’entreprise adaptée.La résistance, le rythme et l’enthousiasme de ces ouvriers étonne quotidiennement leurs responsables, tous anciens éducateurs techniques spécialisés, qui ont accepté de changer de statut en 1994, à la création de l’entreprise qui est une émanation des Papillons blancs de Beaune : « C’est une leçon de vie, ce qu’ils font. En rentrant de vendange, ils sont crevés mais ils gardent le sourire en toutes circonstances. Une assistante me le dit à chaque fois, ça lui met une "calotte" de les observer », insiste Philippe Vega, directeur de l’EAV.
« Tout le monde est concerné et compte au sein de la structure. Nous essayons de diversifier les clients tout au long de l’année, même si nous travaillons plutôt avec des domaines de taille modeste. Nous gérons, en moyenne, trois hectares par client, pour un total de 45 hectares. pour certains, nous menons toute la campagne viticole de A à Z », souligne-t-il.
Source : Le Bien Public édition Beaune, mercredi 25 septembre 2019.