mercredi 25 septembre 2019

- Des travailleurs handicapés à la pointe dans les travaux de la vigne


 L’entreprise adaptée viticole (EAV) est devenue le plus important prestataire viticole de la région grâce au travail d’une soixantaine d’employés, presque tous travailleurs en situation de handicap. Ils vendangeaient, le 19 septembre dernier, pour la maison Albert-Bichot à Chambolle-Musigny.


Les yeux clairs plissés par le soleil, Emmanuel Verney, tout sourire, s’apprête à reprendre le travail de porteur dans les rangs de vignes. Âgé de 47 ans, cet employé de l’Entreprise adaptée viticole (EAV) depuis vingt ans est l’un des cinq travailleurs handicapés qui encadrent les vendangeurs du jour. « J’aime bien travailler dehors. Quand je suis arrivé, pourtant, je ne savais pas ce qu’était un pied de vigne », rit-il de bon cœur en mettant la hotte sur son dos.
« De la cohésion et un bel état d’esprit » 

En cette matinée du jeudi 19 septembre, une trentaine d’employés s’activent dans une parcelle de pinot noir, en contrebas du village de Chambolle-Musigny. Des vignes qui sont la propriété de la famille Serveau, du nom du directeur technique de la maison Albert-Bichot, basée à Beaune, et dont les raisins sont destinés à la cuvée de bourgogne-côte-d’or « Secret de famille » concoctée par le négociant sur les terres de la côte de Nuits.
« Il y a 1,30 hectare à vendanger. Cette année, la récolte est plus faible, mais cela ne va pas forcément plus vite, car il y a beaucoup de grappillons. Le vent qui souffle donne de la fraîcheur mais sèche aussi les raisins. C’est bon pour la qualité, moins pour la quantité », observe Alain Serveau pendant que les vendangeurs s’activent.

« Là, il fallait y aller », appuie Albéric Bichot, venu de Beaune pour rencontrer les vendangeurs de l’EAV. Des travailleurs en situation de handicap que le négociant à l’habitude de côtoyer, mais qui récoltent des raisins de la maison pour « la première fois. D’ordinaire, ils travaillent avec nous pour de nombreux travaux tout au long de l’année, notamment en cave. Ils sont sérieux, ponctuels et sont toujours en équipe. Il n’y a pas besoin de recréer de cohésion. Ils ont une dynamique et un bel état d’esprit », sourit-il.

45 hectares de vignes gérés jusqu’aux vendanges

Ces qualités, le Beaunois n’est pas le seul à les reconnaître (lire par ailleurs) : après trente jours de vendange consécutifs l’an dernier, les employés de l’EAV devraient en boucler vingt-trois pour le millésime 2019. « C’est notre treizième jour de récolte. Hier, ils ont travaillé de 7 h 30 à 19 heures », souffle Christèle Carpentier, responsable de la partie viticole de l’entreprise adaptée.
La résistance, le rythme et l’enthousiasme de ces ouvriers étonne quotidiennement leurs responsables, tous anciens éducateurs techniques spécialisés, qui ont accepté de changer de statut en 1994, à la création de l’entreprise qui est une émanation des Papillons blancs de Beaune : « C’est une leçon de vie, ce qu’ils font. En rentrant de vendange, ils sont crevés mais ils gardent le sourire en toutes circonstances. Une assistante me le dit à chaque fois, ça lui met une "calotte" de les observer », insiste Philippe Vega, directeur de l’EAV.

« Tout le monde est concerné et compte au sein de la structure. Nous essayons de diversifier les clients tout au long de l’année, même si nous travaillons plutôt avec des domaines de taille modeste. Nous gérons, en moyenne, trois hectares par client, pour un total de 45 hectares. pour certains, nous menons toute la campagne viticole de A à Z », souligne-t-il.



Source : Le Bien Public édition Beaune, mercredi 25 septembre 2019.

- Le conseil départemental achète des vignes à Pommard




Vendredi 13 septembre, le président du département François Sauvadet et plusieurs partenaires ont dévoilé l’achat par la collectivité d’une soixantaine d’ares de vignes. L’occasion d’étrenner l’appellation bourgogne-côte-d’or, mais aussi de mettre en place un projet d’insertion.
 
La création récente de l’appellation bourgogne-côte-d’or (lire par ailleurs) a-t-elle donné des idées aux conseillers départementaux ? Vendredi, sous le soleil d’un jour de vendanges, François Sauvadet, président de la collectivité, semblait en tout cas fier de présenter un projet viticole inédit, dont les fruits vont être récoltés dans les jours à venir.
Les travaux menés par des ouvriers handicapés « C’est un moment émouvant pour moi, et un beau projet qui présente également des volets d’insertion et d’expérimentation. Nous avons toujours accompagné la viticulture. Le classement des Climats de Bourgogne au patrimoine mondial nous donne une responsabilité devant l’humanité tout entière », a souligné le président du conseil départemental.

La soixantaine d’ares (deux tiers de pinot noir et un tiers de chardonnay) acquise à Pommard dans la zone d’appellation bourgogne-côte-d’or, est travaillée selon les préceptes de la biodynamie par une émanation des Papillons blanc (une association qui accompagne les personnes en situation de handicap), l’Entreprise adaptée viticole (EAV). « L’EAV est le plus gros prestataire de services viticoles de Bourgogne-Franche-Comté. Elle emploie 50 équivalents temps plein, et sept à huit personnes pour l’encadrement. Les équipes réalisent, chaque année, 28 à 31 jours de vendanges consécutifs », a détaillé Philippe Chaussade, président des Papillons blancs, en présentant cette entreprise d’insertion dirigée par Philippe Vega, et dont les services sont tellement demandés qu’ils doivent régulièrement décliner certaines sollicitations. « Cela servira de cadeau pour nos hôtes de marque » « C’est un partenariat avec une association importante dans le champ social, dans le monde du handicap et de l’insertion », a abondé François Sauvadet, en évoquant « des vignes solidaires. Qui participeront en plus à la préservation de la planète, grâce à la biodynamie. Le département est fier de sa planète et s’inscrit dans son temps », a-t-il expliqué avec un brin de grandiloquence. 

« Nous sommes dans un tournant dans les pratiques culturales. Avec l’association d’insertion et de la biodynamie, la Bourgogne ne peut qu’en ressortir plus grande », a appuyé Thiébault Huber-Verdereau, viticulteur volnaysien adepte de la biodynamie et président de la CAVB (Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne). Le vigneron, après avoir souligné le partenariat avec le département, est vite parti retrouver la trentaine de vendangeurs qu’il emploie pour la récolte du millésime en cours.

François Sauvadet s’est également engagé à faire de ces vignes « un lieu d’expérimentation pour faire face au changement climatique ». « Elles seront mises à la disposition des viticulteurs de Côte-d’Or. » Si les professionnels pourront observer ces vignes tout au long de l’année, les raisins récoltés chaque année seront vinifiés par la SAS Rossignol-Valentin. La société, dont la cuverie est installée depuis peu à Tailly, est une émanation du domaine Rossignol-Février, converti à la biodynamie depuis 2009.
Reste désormais à savoir qui boira les bouteilles estampillées Département : « Cela servira de cadeau pour nos hôtes de marque, et nous en ferons profiter ceux qui s’engagent pour la Côte-d’Or comme les associations ou les clubs sportifs. Pourquoi ne pas organiser des tirages au sort réservés aux habitants du département ? On a plein d’idées, c’est le patrimoine de tous », avançait déjà le président du conseil départemental, qui devrait tout de même en déguster quelques verres, au moins pour se faire une idée de la qualité de ce patrimoine commun. 



Source : Le bien Public édition Beaune, lundi 16 septembre 2019.