mercredi 17 janvier 2018

- Générations ailées



Aux prémices des Papillons Blancs, il y eut l'enfant et la préoccupation de soulager les parents. Soixante ans plus tard, l'association beaunoise œuvre pour insérer socialement les handicapés mentaux toutes générations confondues. La boucle est bouclée pour ces générations ailées.

C'est l'histoire d'une vie. De ces grands enfants retraités qui, il y a 60 ans, ont été les premiers accueillis aux Papillons Blancs de Beaune. La structure a grandi en même temps qu'eux ; une à une les pièces du puzzle ont été imaginées pour soutenir au plus près les enfants, puis les jeunes, puis les adultes, et leurs familles. "Aujourd'hui la boucle est bouclée, sourit Jacques Berthet, le directeur général de la structure beaunoise. On a commencé avec la petite enfance, puis on les a soutenus adolescents, on leur a ensuite donné du travailpour assoir leur vie d'adulte. Il est de notre devoir de leur offrir une retraite heureuse."
La mobilisation des parents.
L'aventure des Papillons Blancs s'est construite autour de la petite enfance. Pierre Carême, un Chalonnais, fut le premier à s'investir en Bourgogne. Il se démena pour son septième né, Pierre-Dominique, diagnostiqué trisomique. "A Beaune aussi, on recensait à l'époque quelques familles, trois ou quatre, ayant un enfant déficient mental pour lequel elles n'avaient pas de solution", précise Jacques Berthet. Nous sommes en 1955, vingt ans avant les premières grandes lois sur le handicap : "Les parents étaient en grande souffrance, désœuvrés. Les enfants avaient besoin de soutien, d'école. Et voilà comment, en dehors de toute institution, un petit groupe de parents a décidé, avec ses propres deniers, d'embaucher une éducatrice. Ce groupe va rapidement se structurer sous le régime d'une association loi 1901..." Régime qui est encore celui des Papillons Blancs.
Sortir de sa chrysalide.
Aujourd'hui, près de 90 enfants sont accueillis aux Papillons Blancs. A lui seul, l'Institut Médico-Educatif (IME) en encadre une quarantaine. Sophia, William, Alexandre, Laura, Gillian, Thomas, ont trouvé un terrain propice à leur épanouissement. Les uns construisent des ruches, les autres animent un blog, un journal, jouent de la musique. Peu importe l'activité, chacun sort de sa chrysalide et franchit des obstacles : vaincre ses peurs, devenir autonome, apprendre à vivre avec l'autre, s'amuser, rire, aussi dans l'insouciance de l'enfance et de l'adolescence. Un peu plus loin, il y a Quentin, un jeune garçon autiste. Il ne communique que très peu, et bénéficie à ce titre d'un nouveau programme construit autour de tablettes tactiles censées faciliter les échanges. Pour beaucoup de parents, c'est un soulagement que de savoir les enfants entre de si bonnes mains. Représentés au Conseil d'Administration, ils sont en quelque sorte les garants de ce long cheminement.
Innocence et instabilité.
L'histoire nous rappelle en tout cas cet attachement aux plus jeunes, qui résonne jusqu'aux prémices de l'aventure. C'est un certain Léonce Malecot, magistrat de son état, qui baptisa ainsi les Papillons Blancs. Pierre Carême le racontait en 1998 dans un entretien à la revue Epanouir : "A Paris, Monsieur Malecot avait créé en 1950 une association et animait une salle de danse et de musique pour les jeunes en situation de handicap. Il était lui même père d'un enfant trisomique. Un jour, assistant à un cours de danse dans la salle des fêtes du XIIIème arrondissement,  il eut cette réflexion devant sa femme : "regarde notre fille. Elle a la blancheur de l'innocence et l'instabilité du papillons"."

source : Magazine Dijon Beaune Mag - janvier 2018




mardi 16 janvier 2018

- Entreprise Adaptée Viticole : « Former et responsabiliser sont nos principaux objectifs »

« Beaune sans vigne n’est plus Beaune. » C’est dans cet esprit que l’association des Papillons Blancs de Beaune et sa région a développé une activité viticole pour son Entreprise Adaptée.
Démarrant avec 4 salariés et 1 encadrant en 1994, la structure évolue en 2008 vers une Entreprise Adaptée totalement autonome sous statut SASU.
« Je souhaitais une entreprise viable économiquement parlant pour les personnes en situation de handicap », explique Jacques Berthet, Directeur général de l’association.
Elle compte aujourd’hui 59 salariés, répartis sur deux activités : la vigne et les espaces verts. « C’est une belle aventure humaine. Nos salariés sont enthousiastes à venir travailler. Cela se traduit d’ailleurs par un taux d’absentéisme faible de l’ordre de 4 % et ce, malgré la difficulté de la tâche ». Taux d’ailleurs inférieur à la moyenne nationale de 4.55 % tous secteurs confondus.
Ouvriers d’exploitation, les 32 salariés dédiés à la vigne sont sous la responsabilité d’un responsable qualité et répartis en 6 équipes. Ils gèrent 38 hectares de vignes pour le compte de 13 clients qui leurs confient la gestion complète de leur domaine viticole, ainsi que des prestations viticoles ponctuelles pour une quarantaine de clients. Le service des espaces verts compte 21 salariés sur 4 équipes, dirigés par un responsable d’atelier.
Le travail est reconnu de qualité par l’ensemble de la profession, comme le confirme les enquêtes de satisfaction réalisées en 2016, puisque 82,83 % des clients interrogés sont très satisfaits des prestations réalisées par les salariés de l’EAV. Dès leur arrivée dans l’entreprise, les salariés bénéficient d’apprentissages aux différentes techniques de travail. « Notre objectif est de faire en sorte que tous les salariés soient formés. Nous sommes dans un esprit de formation pour laisser la personne évoluer professionnellement, explique Philippe Vega, Directeur de l’Entreprise Adaptée. Notre mission permet de développer le potentiel de chacun ».
L’ensemble des salariés de l’EAV atteste majoritairement, soit d’un certificat d’ouvrier d’exploitation viticole, soit d’une Reconnaissance des Savoirs-Faire Professionnels. Pour certains, c’est un vrai succès, à l’image d’Edouard, qui a intégré l’équipe d’un des partenaires de l’Entreprise Adaptée, le domaine Labry à Auxey-Duresses. « Jamais je n’aurais pensé y arriver, avoir un diplôme », confie-t-il avec fierté.
Toujours dans cet esprit de responsabiliser les équipes et de monter les salariés en compétences, l’Entreprise Adaptée a eu l’idée de créer des postes de chef d’équipes. Elle a ainsi accompagné les salariés volontaires dans l’obtention d’un Certificat d'aptitude professionnel agricole (CAPA). La transmission des compétences aux services des jeunes entrants est favorisée au sein de l’EAV. Dans ce contexte, la direction a aménagé un poste pour l’un de ses salariés en fin de carrière. Âgé de 60 ans, le travail de la vigne devenait pénible pour ce dernier. La direction lui a ainsi confié l’accompagnement des stagiaires et des nouvelles recrues. « Max encadre trois personnes en moyenne. Il canalise des jeunes avec bienveillance et sagesse. Cette fonction a permis de valoriser son travail. Il est aujourd’hui dans la transmission de son savoir-faire », souligne Philippe Vega, qui estime que ce poste est nécessaire.
Aujourd’hui, l’Entreprise Adaptée se porte bien, affichant depuis trois ans des excédents, reversés en intéressement auprès des salariés. 2017 a été une bonne année permettant de démarrer les vendanges tôt, s’étalant ainsi sur 29 jours de travail. D’ailleurs, pour le Directeur général de l’association, l’objectif est « de nous maintenir, d’être économiquement viable pour assurer l’emploi de nos salariés en CDI tout en assurant notre rôle d’accompagnant dans leur parcours professionnel. »

source : Stéphanie Benaroc – Magazine UNEA 01/2018