mardi 17 mars 2015

- Du monde pour la pose de la première pierre de l’Ehpad Saint-Vincent-de-Paul


Une grande partie des pensionnaires beaunois avaient été invités. Photos F. B.

Plusieurs parchemins des soignants, des pensionnaires et même des reliques ont été scellés.
La pose de la première pierre de la future maison de retraite à Vignoles lance le compte à rebours d’un déménagement historique.
Le prix de journée (50 à 57 €) devrait dépasser les 60 € dans la future maison.
Dans la commune de Vignoles de 900 habitants, l’implantation de la future maison de retraite Saint-Vincent-de-Paul Santé et Bien Être était attendue depuis presque une dizaine d’années, comme l’a rappelé lundi matin le maire Jean Marey : « Ce projet avait dix ans, puis on l’a réactivé avec l’ancien maire, Armand Chanlon, quand j’étais premier adjoint. Au départ, on voulait une maison de retraite. Puis, quand on nous a énoncé toutes les conditions requises, on a compris qu’on ne pourrait pas le faire seul. On a donc bien accueilli le projet de l’Ehpad Saint-Vincent-de-Paul qui voulait construire une nouvelle maison pour abandonner les locaux qu’elle occupe actuellement, rue des Tonneliers à Beaune ».
C’est en effet à cette époque que le conseil d’administration de l’Ehpad a approuvé le principe de sa reconstruction. Comme l’a expliqué son actuelle directrice Lolita Rotureau et Jean-Philippe Sourioux, directeur général de l’Union d’associations Santé et Bien-Être : « L’établissement qui est situé au cœur de la ville de Beaune, près des rues piétonnes et commerçantes, ne peut plus totalement répondre aux exigences de sécurité, de confort et de rationalité que nous devons offrir à une population lourdement dépendante. On ne pouvait donc pas s’engager dans des réparations ponctuelles qui n’auraient pas amélioré réellement le confort. Par ailleurs, le nombre croissant de personnes présentant des troubles mentaux rendait indispensable la réorganisation des locaux ».
Reste que certains pensionnaires valides qui avaient l’habitude de fréquenter les rues commerçantes vont regretter cette délocalisation. « Ma mère ne veut pas partir à la campagne.
Elle va donc chercher une autre maison de retraite en ville », nous expliquait effectivement un Beaunois. Une réaction que Lolita Rotureau prend en compte : « On va acheter un véhicule de huit places pour emmener ceux qui le désirent ». Parmi les quarante salariés, certains ont dû passer leur permis de conduire, en vue de ce déménagement, en attendant un projet de bus reliant Vignoles à Beaune.
Cette nouvelle construction permettra de porter le nombre de lits à quatre-vingt-quatre, tous dévolus à l’aide sociale, dont une quinzaine pour les personnes handicapées vieillissantes venant de l’association des Papillons blancs et du domicile protégé de Pommard.
Un Pasa permettra aussi de recevoir des personnes souffrant de troubles Alzheimer. En tout, ce projet s’élève à près de 10 millions d’euros, dont 600 000 € provenant du conseil général. Malgré ces investissements, le prix d’une chambre devrait rester sous la barre des deux mille euros.

PRES DE CINQ SIECLES D’HISTOIRE DE LA CHARITE DEMENAGERONT

Sœur Monique Forgeat a retracé l’histoire de la présence de la congrégation de Saint-Vincent de Paul à Beaune. C’est en juin 1690 que deux filles de la Charité arrivèrent à Beaune pour « servir les pauvres », sous la direction des Dames de la Charité. Installées dans une maison de louage, elles devaient préparer les médecines et faire cuire cent livres de bœuf par jour pour distribuer quatre cents portions aux pauvres indigents. En 1728, une fondation et des dons furent faits pour donner naissance à l’école des Fillettes pauvres. C’est en 1880, en plein débat sur le laïcisme, débouchant sur une forme de persécution, dira sœur Forgeat, que la ville reprend les bâtiments de l’ancien carmel. Pour sauver l’école, une société civile achète la maison du 9 rue des Tonneliers. Le 15 juillet 1903, le commissaire de police signifie l’ordre de fermer l’école et de partir. Les sœurs ne reviendront à Beaune qu’en 1919 pour s’installer au 7 rue des Tonneliers. La maison de retraite des Dames (25 chambres) est inaugurée le 28 août 1920. C’est en 1983 que le foyer Saint-Vincent-de-Paul fut confié à l’association Santé et Bien-Etre pour en assurer la pérennité dans l’esprit des fondateurs. L’association loi 1901 a deux associations, dont l’une gère le handicap et l’enfance et l’autre les personnes âgées. Elle est présente dans six régions administratives et dix-sept départements.
En s’apprêtant à déménager vers Vignoles, cette institution ne disparaîtra pas du paysage local, mais c’est une véritable page d’histoire beaunoise qui va se tourner. Les locaux rue des Tonneliers appartenant toujours à la congrégation représentent un véritable enjeu, dont on ignore la destination future, aucune décision n’ayant été dévoilée.

source : Journal "Le Bien Public", édition Beaune le 10 mars 2015