samedi 10 septembre 2011

- Pour les employés de l’Entreprise adaptée, la période des vendanges est spéciale. Le travail en toute égalité .


Loin de chômer, les employés de l'entreprise adaptée vendangent pendant plus de vingt jours. Après ce seront les vacances ! Photo M. P.

Comme les autres équipes, les employés de l’entreprise adaptée de Beaune sont en pleines vendanges. Dans la bonne humeur, ils coupent, portent et transportent le raisin. Mais leur responsable veille au grain.
Rassemblées dans les hauteurs de Savigny-lès-Beaune, plusieurs petites mains sont occupés à cueillir le raisin. Ces coupeurs et porteurs sont des employés de l’Entreprise adaptée viticole de Beaune. Au total, ils sont une cinquantaine, répartis entre les différentes parcelles et la cuverie. « Les hommes et les femmes qui travaillent pour nous sont reconnus comme travailleurs handicapés. Pour la plupart, ce sont surtout des problèmes sociaux », explique Christelle Carpentier, responsable qualité et chef de viticulture.
Car cette entreprise est spécialisée dans la vigne et le vin et, en dehors de la secrétaire et des responsables, tous sont soit conducteurs de travaux soit ouvriers viticoles.
Pendant toute l’année, ils travaillent pour différents clients, étant pour la plupart des domaines viticoles. Cette semaine, ils étaient en pleine vendange pour différents domaines de la côte.

Transmettre la passion

Et Christelle insiste sur le fait que tous les employés sont « formés et autonomes dans leur travail. Ce sont des personnes qui s’impliquent, sur qui on peut compter. Ils sont là même en plein hiver et quand ils reviennent les joues tuméfiées par le vent glacial, je suis admirative ».
Et cela, ils le doivent à l’implication de leurs encadrants, de Christelle, toujours là pour les soutenir et les cadrer lorsqu’il le faut. Tous s’accordent à dire qu’ils n’ont rien à lui reprocher, même pas ses ordres clairs, concis et directs. « C’est un chef adorable, il n’y a rien à redire, elle nous a appris plein de choses », lance Laeticia entre deux coups de sécateurs. « J’ai essayé de leur transmettre la passion de la vigne et j’espère y être arrivée », enchérit Christelle. Car, pour elle, s’occuper de personnes handicapées comme celles qu’elle a en charge à l’entreprise adaptée ce n’est pas plus difficile que dans une autre entreprise. « Je les traite comme des êtres humains et je déteste ceux qui veulent les traiter comme des sous-hommes ». Le but du personnel encadrant : faire en sorte que les employés s’y plaisent et que le travail soit bien fait. Et les deux conditions semblent être remplies. C’est sans hésiter que Loïc, membre de l’équipe répond un grand « oui », le sourire aux lèvres lorsqu’on lui demande s’il se plaît dans son entreprise. Et c’est tout simplement que lui et les autres le rendent bien. « Je pense leur avoir transmis pas mal de choses mais je pense aussi qu’ils m’ont apporté autant », confie Christelle, une forte émotion présente dans la voix et les yeux. Elle regarde son équipe travailler et la fierté envahit cette femme qui ne se destinait pas du tout à devenir éducatrice technique spécialisée. « J’ai commencé par une formation en menuiserie, contre mon gré car je voulais faire de la mécanique auto. Et puis j’ai commencé à travailler dans les vignes et j’en suis tombée amoureuse ». Et c’est tout simplement en répondant à une annonce qu’elle a investi l’entreprise adaptée. Aujourd’hui, cela fait 10 ans et c’est parfois presque comme si elle les considérait comme des membres de sa famille.

Régulièrement en formation

Le rôle de l’Entreprise adaptée de Beaune est également d’offrir à ses employés des formations qui leur sont accessibles. Pour la plupart, il s’agit de CAP ou de BEP dispensés au CFPPA. « Je les accompagne à leurs cours, je prends des notes et en rentrant le soir je leur explique ce qu’ils n’ont pas compris et je les fais réviser longtemps. C’est extraordinaire la joie qui se lit dans leurs yeux lorsque je leur apprends qu’ils ont eu leur diplôme », confie Christelle Carpentier. Prochaine étape : leur trouver une formation au permis de conduire.


source : Journal "Le Bien Public" édition Beaune, samedi 10 septembre 2011